J.VIORST: LES RENONCEMENTS NECESSAIRES- PART 1

Judith Viorst dresse ici l’inventaire de ce qui, dans l’histoire personnelle de chacun, peut empêcher de devenir réellement adulte et serein.

Elle s’appuie sur la psychanalyse freudienne pour décrypter ces empêchements inconscients, ces attitudes parfois destructrices qui représentent autant d'entraves à la construction de soi.

De la petite enfance( première séparation d'avec la mère) à l’âge adulte (de la perte des illusions et de la jeunesse, au départ ou à l'abandon de ceux que nous aimons, à leur disparition), le chemin est semé de frustrations, d’abandons, d’illusions perdues.

Les causes et les conséquences de ces souffrances sont illustrées par de nombreux exemples ; sans oublier la réalité de notre propre mort, qui doit nous trouver prêts, et nous faire grandir encore.

Il s'agit ici d'un livre personnel, nourri d'expériences, de références littéraires, qui éveille en nous un certaindésir de sagesse, nous aide à ouvrir cette porte parfois close, parfois entrouverte, qui nous conduit, dans l'acceptation de ces renoncements nécessaires,sur la voie de la sérénité.

1^ère PARTIE : LE MOI SEPARE

Chapitre 1 : Le prix de la séparation

Un des besoins fondamentaux du bébé ( vital et absolu) est celui du contact humain.

 Le désir de la présence de la mère n'est pas uniquement une question de reconnaissance du ventre car le lien mère-enfant représente le schéma aimer et être aimé.

Vers6 moisl'enfant peut former une image mentale de sa mère absente.

Cette absence va produire une séquence de réponses: la protestation, le désespoir puis le détachement, mais il comprend seulement vers l'âge de 3 ans qu'absence n'est pas synonyme de mort et peut espérer son retour.

S'il se produit une trop grande privation de la mère dans la petite enfance, le coût de cette perte résultera en une blessure affective définitive.

Laconséquence en sera une extrême sensibilité et une vulnérabilité aux futures pertes.

Lorsque distinction entre le Toi et le Moi : capacité à utiliser l'amour pour apaiser la terreur de l'isolement provoqué par cet état de séparation.

1^er attachement de l'enfant :vers 7 - 8 mois.

Si ce dernier ne peut avoir lieu :

- difficultés à établir des relations sociales harmonieuses

- fuite d'autrui en raison d'une dépendance étouffante

- Vie dans la crainte de l'abandon, du rejet, de la déception,

- Poids de la culpabilité énorme et désespoir inouï.

 Mécanismes de défense contre la souffrance de la séparation :

- Détachement affectif.

- Besoin irrépressible de s'occuper d'autrui tout en s'y identifiant.

- Autonomie prématurée.

Les pertes de la petite enfance peuvent déséquilibrer notre future attitude face aux deuils nécessaires de la vie.

Chapitre 2 : L'ultime connexion.

Durant notre vie :

- Rapport indissociable entre nos expériences de perte et la perte originelle, celle de l'unicité mère-enfant ( sentiment de béatitude comme dans un paradis perdu)

- Désir de la restaurer exprimé dans de nombreux domaines (l'union sexuelle, les drogues, le grand art, certaines expériences religieuses , ...)

Cette quête n'est pas anormale en soi car, par ces expériences fugitives d'unicité :

- Un répit dans la solitude de la séparation.

- Et même nous aider à reculer nos précédentes limites pour aller de l'avant.

- ---------> il faut parfois faire un pas en arrière pour être capable de faire un pas en avant.

Exemple : message subliminal  : « Maman et moi ne faisons qu'un »

Son effet est bénéfique:

- sur un groupe de personnes obèses en cours d'amincissement

- sur un groupe de fumeurs en cours de sevrage.

Chapitre 3 : Se tenir debout

Ambivalence entre le désir de fusionner et le besoin de devenir un être distinct .

Possibilité de prise de plaisir si :

• l'initiative de la séparation vient de l'enfant .

• Il est assuré de la présence de sa mère.

-

Passage de la sécurité vers le risque :

• Elargissement des frontières de son expérience.

• Réveil de joies et terreurs liées à la perte originelle.

La fabrication de souvenirs positifs des soins prodigués par la maman permet à l'enfant :

- De les ancrer profondément en lui jusqu'à les intégrer complètement .

- D'éprouver de moins en moins ce besoin d'elle .

Différents stades du processus de séparation.

 - 5 mois : stade de la différenciation - compréhension de l'existence de la mère en dehors de nos frontières-

 - 9 mois : stade de l'expérimentation audacieuse – présence de la mère à l'arrière -plan--> possibilité de ce joyeux détachement---> sentiment de toute puissance .-

- Fin de la 2^ème année : dilemne de rapprochement :

=====>Vouloir de l'aide et la refuser en même temps.

=====>Vouloir s'appartenir et être à sa mère en même temps.

=====> résolution de la crise par l'établissement d'une distance confortable avec la mère (celle permettant de tenir debout seul psychologiquement)

!!!!!!!!! le comportement de la mère a aussi un effet sur notre capacité à nous adapter à ce dilemme.

- Stabilisation des images intérieures du « self » et d'autrui.

=====> Avec l'aide de l'Amour et la Confiance.

=====> Renoncement à la simplification bon/mauvais, noir/blanc des êtres.

=====> Acceptation de la coexistence bien/mal pour soi-même, sa mère et autrui.

Chapitre 4 : Le 'Je' en vaut la chandelle

La construction du "self" par le processus d'identification :

- Identification globale à une personne X.

- Réalisation d'un collage artistique de fragments d'identification.( parcelles des personnes rencontrées)

- Processus inconscient et choix d'identification en réaction à une perte subie.

- Importance des personnes auxquelles nous nous identifions :

====> En bien par admiration.

====> En mal : aux personnes craintes dans l'espoir de récupérer leur puissance pour se défendre.

- Perte subie par le choix de certaines identification : rejeter simultanément les autres identifications potentielles.

 L'équilibre du "self" :comprend simultanément :

- le "Je suis je" que nous nous disons à nous-mêmes

- la reconnaissance de l'autre qui nous dit : "Oui, tu es bien toi".

=====> Il nous appartient donc d'essayer d'harmoniser les différentes identifications choisies.

Apparition de troubles en cas d'échec de cette harmonisation, : le dédoublement de la personnalité, les comportements borderline ou le narcissisme.

 Chapitre 5 : Leçons d'amour

- Nécessité de la perte de l'unicité avec la mère car sans elle impossibilité d'amour.

- Une mère « suffisamment bonne » nous donne le goût de l'Amour Inconditionnel.

- Lors de la séparation : acquisition des limitations de l'amour infantile – capacité

d'aimer et être aimé-

-En cas de non-acquisition : exigence d' un amour inconditionnel traduit par : « Mes besoins sont les vôtres ».

- Acceptation difficile mais indispensable : la présence de la haine au sein de l'amour, phénomène courant.====> capacité à tolérer sa propre haine

La mère(premières leçons d'amour et de haine) = parent le plus chargé affectivement.

Le père, deuxième autre de notre Moi = seconde source d'amour constant.====>Il est celui vers qui l'enfant peut se tourner pour rendre le deuil de la séparation avec la mère moins intense et donc possible.

Les répétitions :

I

====> il existe dans la nature humaine une tendance à répéter ce que nous avons déjà fait dans le but d'essayer de restaurer un état précédent pour le transposer sur le présent, avec l'espoir que l'histoire aura cette fois une fin différente.

====> Les façons que nous avons d'aimer les autres sont des résurrections inconscientes de notre première expérience, même lorsque cela fait mal. Par chaque répétition nous continuons à réclamer à grands cris une chose qui ne peut pas être.

====> Il nous faut une fois de plus renoncer à cet espoir, laisser tomber, en faire le deuil. Il nous faut répondre à nos besoins par d'autres moyens plus valables qui donnent lieu à des expériences nouvelles.

====>C'est pourquoi nous nous efforçons d’établir des liens à travers l'amour sexuel, maternel, fraternel, du prochain, l'amitié, l'amour altruiste.